Diégèse | |||||||||
samedi 26 avril 2014 | 2014 | ||||||||
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La Fortune des Rougon2 | |||||||||
Bientôt le moment qu'il
guettait arriva. La maison Puech et
Lacamp râlait. Le
jeune homme négocia alors son mariage avec une adresse
prudente. Il fut accueilli, sinon comme un sauveur, du moins comme un
expédient
nécessaire et acceptable. Le mariage arrêté, il s'occupa activement de
la vente
de l'enclos. Le propriétaire du Jas Meiffren, désirant arrondir ses
terres, lui
avait déjà fait des offres à plusieurs reprises ; un mur mitoyen,
bas et
mince, séparait les deux propriétés. Pierre spécula sur les désirs de
son
voisin, homme fort riche qui, pour contenter un caprice, alla jusqu'à
donner
cinquante mille francs de
l'enclos. C'était le payer deux fois sa valeur. D'ailleurs, Pierre se faisait tirer l'oreille avec une sournoiserie de paysan, disant qu'il ne voulait pas vendre, que sa mère ne consentirait jamais à se défaire d'un bien où les Fouque, depuis près de deux siècles, avaient vécu de père en fils. Tout en paraissant hésiter, il préparait la vente. Des inquiétudes lui étaient venues. Selon sa logique brutale, l'enclos lui appartenait, il avait le droit d'en disposer à son gré. Cependant, au fond de cette assurance, s'agitait le vague pressentiment des complications du Code. Il se décida à consulter indirectement un huissier du faubourg. |
Émile Zola 1870
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C'est
là le propre de la loi, de ne pas se conformer vraiment à la supposée
sagesse populaire et à ce qui semble juste aux gens. Seul fils légitime
il hériterait seul du bien de sa mère ? C'est ce que le faubourg,
interrogé à ce sujet, aurait très certainement décrété. C'est peut-être
même ce qu'auraient dit aussi la plupart des quartiers de Plassans.
Mais la loi veut des choses que le peuple ne veut pas et c'est
d'ailleurs pour cela que les tribunaux populaires, sans cesse, se sont
toujours trompés, prompts à prendre pour raison ce qui n'était que
sentiment sinon passion. On peut imaginer que c'est pour cela que l'on
a fini par écrire la loi, dès que les sages n'ont plus suffi à extraire
les justiciables des griffes de la populace, qui, en fait, n'aime que
le lynchage. Rougon savait au fond de lui ce que l'huissier pourrait lui dire. Ne l'aurait-il pas su qu'il ne l'aurait pas consulté. Au fond de son âme pourtant toute entière tournée vers le gain et la spéculation, excitée par l'envie de pouvoir et d'ascension sociale, il y avait une voix qui lui disait que la justice était ailleurs, qu'il valait bien un des bâtards de sa mère, nés de la même femme et de la même façon, que le sort l'avait favorisé mais qu'il ne différait en rien de ceux-là à qui il allait prendre ce qui leur revenait pourtant de droit. Le père Rougon n'avait eu que le mérite d'arriver le premier et d'épouser Adélaïde. Macquart, pour contrebandier qu'il fut, avait lui apporté une masure, en mauvais état, mais en pleine propriété. Dès que ces pensées l'assaillaient, il les repoussait prestement pour se concentrer sur son but. Il plissait alors un peu les yeux et le front, paraissait un instant préoccupé le temps de revenir à lui-même et son absence de scrupules. |
Daniel Diégèse 2014
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26
avril |
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