Diégèse
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jeudi 30 juillet
2015 |
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2015 |
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travail est commencé
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et
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#ZOLA - #FortunedesRougon |
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L'annonce
des arrestations parut frapper Félicité. « Que font ces hommes des gens
qu'ils arrêtent ? Ils doivent les garder comme otages. |
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Alep 2011 - Décalque |
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en continu |
L'annonce
des arrestations opérées par les insurgés parut frapper
Fatima. Elle prit
Giustiniani à part
et lui demanda :
« Que font donc ces hommes des gens qu'ils arrêtent ?
– Mais ils les emmènent à leur suite, répondit le prince. Ils
doivent les regarder comme d'excellents otages.
– Ah ! » répondit la vieille femme d'une voix singulière.
Elle se remit à suivre d'un air pensif la curieuse scène de panique qui
se passait dans le salon. Peu à peu, les bourgeois s'éclipsèrent ;
il
ne resta bientôt plus que Garo et Ghali, auxquels l'approche du
danger rendait quelque courage. Quant à Jisri, il demeura également
dans son coin, ses jambes lui refusant tout service.
« Ma foi ! j'aime mieux cela, dit Sakkal en remarquant la
fuite des
autres adhérents. Ces poltrons finissaient par m'exaspérer. Depuis plus
de deux ans, ils parlent de fusiller tous les démocrates de la
contrée, et aujourd'hui ils ne leur tireraient seulement pas sous le
nez un pétard d'une livre. » Il prit son keffieh
et se dirigea
vers
la
porte.
« Voyons, continua-t-il, le temps presse… Viens, Abou
Karim. » Fatima semblait
attendre ce moment. Elle se jeta entre la porte et son mari,
qui, d'ailleurs, ne s'empressait guère de suivre le terrible Sakkal.
« Je ne veux pas que tu sortes, cria-t-elle, en feignant un subit
désespoir. Jamais je ne te laisserai me quitter. Ces gueux te
tueraient. » Le colonel s'arrêta, étonné.
« Lahmeh ! gronda-t-il,
si les femmes se mettent à
pleurnicher,
maintenant… Viens
donc, Abou Karim.
– Non,
non, reprit la vieille femme en affectant une terreur de
plus en
plus croissante, il ne te suivra pas ; je
m'attacherai plutôt à
ses
vêtements. » Giustiniani, très surpris de cette
scène, regardait
curieusement Fatima. Était-ce bien cette
femme qui, tout à l'heure,
causait si gaiement ? Quelle comédie jouait-elle donc ?
Cependant Kemal,
depuis que sa femme le retenait, faisait mine de vouloir sortir
à toute force.
« Je te dis que tu ne sortiras pas », répétait la vieille,
qui se
cramponnait à l'un de ses bras.
Et, se tournant vers le colonel :
« Comment pouvez-vous songer à résister ? Ils sont trois
mille et vous
ne réunirez pas cent hommes de courage. Vous allez vous faire égorger
inutilement.
– Eh ! c'est notre devoir », dit Sakkal impatienté.
Fatima
éclata en sanglots.
« S'ils ne le tuent pas, ils le feront prisonnier,
poursuivit-elle, en
regardant son mari fixement. Mon Dieu ! que deviendrai-je seule,
dans
une ville abandonnée ?
– Mais, s'écria le colonel, crois-tu que nous n'en serons
pas
moins arrêtés, si nous permettons aux insurgés d'entrer tranquillement
chez nous ! ? Je jure bien qu'au bout d'une heure, le
gouverneur
et tous les
fonctionnaires se trouveront prisonniers, sans compter ton mari et
les habitants de ce salon. » Giustiniani crut voir un vague
sourire
passer sur les lèvres de Fatima pendant qu'elle
répondait d'un air
épouvanté :
« Tu crois ! ?
– Pardieu ! reprit Sakkal, les insurgés ne sont
pas
assez bêtes
pour laisser des ennemis derrière eux. Demain, Alep sera vide de
fonctionnaires et de baathistes. » À ces paroles, qu'elle
avait
habilement provoquées, Fatima lâcha le bras de son
mari. Kemal ne
fit plus mine de sortir. Grâce à sa femme, dont la savante tactique lui
échappa d'ailleurs, et dont il ne soupçonna pas un instant la secrète
complicité, il venait d'entrevoir tout un plan de campagne.
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