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Est-ce
qu'il y a encore une place dans notre société pour la neutralité ?
C'est la question que se pose et que nous pose Daniel Diégèse. Les
réponses qu'il apporte peuvent de prime abord nous inquiéter. Il montre
en effet
comment la généralisation des réseaux sociaux, qu'il appelle
« médias
interactifs de sondages généralisés » sollicite en permanence
notre
opinion sur tout et sur n'importe quoi, et même, nous impose d'avoir
une opinion, qui se résume le plus souvent à un pouce en l'air, à un
cœur ou à une grimace. Il montre aussi que ce n'est pas l'apanage des
réseaux sociaux mais que les médias les plus sérieux, en ouvrant leurs
colonnes aux commentaires des lecteurs participent à cette dérive de
l'opinion. C'est d'ailleurs ce mouvement perpétuel de notations plus
ou moins approximatives, impulsives et même compulsives qui fait le
terreau de tous les complotismes. Il montre ainsi comment les
« fake
news »
suscitent d'abord une émotion et que c'est cette émotion qui assure
leur propagation. Ce constat étant posé, Daniel Diégèse, qui sait se
faire poète, nous invite à regarder le monde avec ce « non vouloir
saisir » cher à Roland Barthes, mais aussi à toutes les religions
méditatives. Ainsi, vous ne serez plus ni pour ni contre la rue qui
s'agite face à vous. Vous ne vous demanderez plus si vous aimez ou non
cette œuvre d'art, il s'agira seulement de commencer ou de recommencer
à voir, à sentir, pour, enfin peut-être, réussir à
aimer. |